L'histoire des ponts de La Roche Bernard

Autrefois, la traversée de la Vilaine se faisait par bac. Le passage le plus fréquenté était celui de Guédas, entre La Roche-Bernard et Marzan. Ce furent les barons de La Roche-Bernard qui créèrent le passage de Guédas. Au 11ème siècle, Simon Ier, fonde à Saint-Gildas des Bois, une abbaye à laquelle il donne la moitié de ses droits de passage sur la Vilaine. Les voyageurs ont confondu le lieu du passage et les bénéficiaires du péage en une seule appellation : Guédas.

La traversée se révélait bien souvent périlleuse et contraignante en raison des marées et des vents violents, mais également de la négligence de certains passeurs. 
Cette situation incite les élus locaux à réclamer la construction d’un pont dès le début du 19ème siècle.

Il faudra attendre que le Préfet du Morbihan témoigne de sa mésaventure pour que le projet soit classé urgent : venu visiter le Maire de La Roche-Bernard, il mit près de 6 heures à franchir la Vilaine de 22 h à 4 h du matin ! Plus vraisemblablement, l’arrivée au pouvoir de Louis-Philippe en 1830 et les risques d’insurrection de la part des légitimistes vont faciliter l’obtention des fonds nécessaires.

 

Un premier pont peu recommandable (1839 - 1911)

 

La technique du pont suspendu apparaît en France. Le département du Morbihan demande à en bénéficier pour le projet de pont à la Roche -Bernard. Le pont inauguré par le préfet le 28 décembre 1839, après 3 ans de travaux. Il est constitué de deux viaducs d’accès en maçonnerie, encore visibles aujourd’hui, et d’un tablier en bois.

S’il suscite l’admiration au départ, l’euphorie sera de courte durée. Les vents violents malmènent les câbles de suspension et occasionnent à plusieurs reprises des dégâts importants.

En 1872, on construit une passerelle provisoire au-dessus du tablier endommagé. Cette passerelle, qui va durer 40 ans, d'une largeur de 3 m ne permettait pas à 2 véhicules de se croiser. Devant la multiplication des incidents, les communes et le Conseil Général réclament la construction d'un nouveau pont.

 

Le destin tragique du pont en arche (1911 - 1944)

 

En 1906, le projet de pont en arche est retenu. Le pont est inauguré le 3 septembre 1911 devant une foule évaluée à 10 000 personnes.

Ce pont était d'un entretien coûteux en raison de l'oxydation des éléments métalliques provoquée par l'air salin. Pendant 20 ans, il écoula paisiblement le trafic routier et ferroviaire( ligne St Nazaire-Vannes). Le 15 août 1944, à 15 h, au cours d'un orage, miné par les allemands et frappé par la foudre, il se brise et d'effondre dans La Vilaine.

 

Une passerelle providentielle (1948 - 1960)

 

Le pont de la Roche-Bernard, miné par les Allemands, fut frappé par la foudre le 15 août 1944 et s'abîma dans les flots de la Vilaine.

La cité de la Roche-Bernard est un carrefour important pour les relations Bretagne-Loire-Inférieure, le franchissement de la rivière à cet endroit est donc crucial.

Du matériel du débarquement de Normandie à la rescousse

Le bac de Guédas est remis en service à la libération de la poche de Saint Nazaire en 1945. En avril 1946, le Conseil Général du Morbihan réclame la construction d'une passerelle flottante. La passerelle, longue de 300 mètres, mise en place en 1948 provient du matériel anglais ayant servi au débarquement à Arromanches.


Le pont suspendu (1960 ...)

 

Les travaux de construction débutent en 1957. On décide de bâtir un édifice suffisamment large pour accueillir un trafic grandissant. Le 21 mai 1960, le nouveau pont est soumis au test de résistance par 34 camions.

Le pont est aussitôt ouvert à la circulation et c'est un car Drouin, transportant une noce, qui l'emprunta le premier.
Inspiré du pont de Tancarville en Seine Maritime, il est conçu pour accueillir un trafic grandissant. Victime du développement de la circulation, les 2 voies vont, rapidement, ne plus répondre aux impératifs du trafic routier et favoriser les célèbres bouchons de la Roche-Bernard. On envisage alors la déviation de la ville impliquant la construction d’un nouveau pont.

 

Le pont du Morbihan (1996 ...)

 

Le nouveau pont est construit à 600 mètres du pont suspendu. Les travaux débutent en mars 1993 et vont durer 30 mois. Il s'intègre dans un projet plus vaste : la déviation de La Roche-Bernard en 2x2 voies avec mise aux normes autoroutières.

L'ouvrage présente une architecture adaptée à son environnement naturel par sa transparence. Le pont est achevé en mai 1995 et ouvert à la circulation le 18 juin 1996. Sur les flancs de l'arche, 2 passerelles piétonnières permettent aux piétons de passer d'une rive à l'autre.